février 2019
L’aliénation parentale : stratégie d’occultation de la violence conjugale ?
Ce rapport a été rédigé suite à un forum et une journée de travail, qui avaient lieu les 26 et 27 avril 2018 à Montréal, dont l’objectif était de faire le point sur le concept d’aliénation parentale et sa mobilisation dans les situations de violence conjugale au Québec, en Europe et au Brésil. Les grands constats qui y sont explicités soulèvent plusieurs enjeux forts inquiétants qui méritent que l’on s’y attarde rapidement :
1. Malgré le manque de fondements scientifiques, le concept d’aliénation parentale semble s’immiscer dans les pratiques d’intervenants sociaux et judiciaires au Québec.
2. L’aliénation parentale est un concept qui invalide, nie et occulte les propos et les craintes exprimés par les femmes et les enfants face à la violence des hommes.
3. La mobilisation du concept d’aliénation parentale dans les situations de violence conjugale met le meilleur intérêt des enfants en second plan, derrière l’intérêt des pères ayant des comportements violents.
4. L’utilisation du concept est rendue possible en grande partie par la non-compréhension et par le manque de reconnaissance de la violence des hommes à l’endroit des femmes et des enfants, ainsi que par la confusion qui règne entre la violence conjugale et les conflits sévères de séparation.
5. Les multiples vocables pour faire référence à l’aliénation parentale facilitent son utilisation dans les situations de violence conjugale.
6. La popularisation du concept est liée aux revendications des masculinistes et au lobby des groupes de défense de droits des pères.
Les intervenant.es dans le champ de la protection de la jeunesse et au tribunal de la famille devraient se sentir particulièrement interpellés par ces constats et mettre en place des stratégies immédiates pour éviter de mettre des femmes et des enfants en danger.
Isabelle Côté et Simon Lapierre, avec la collaboration de Francis Dupuis-Déri
Collectif de recherche féministe anti-violence (FemAnVi)
Type : PDF
Thème(s) : Antiféminisme, Droit de la famille, Violences faites aux femmes