septembre 2023
Dossier noir – Logement et pauvreté au Québec – 8e édition
Le FRAPRU adresse une sérieuse mise en garde, au moment de la parution de son 8e Dossier noir sur le logement et la pauvreté, basé sur l’analyse des données du dernier recensement de Statistiques Canada. La situation continuera de se dégrader au Québec, si les gouvernements n’adoptent pas rapidement des mesures ambitieuses en matière d’habitation. Le FRAPRU soutient que la généralisation et l’aggravation de la pénurie de logements locatifs, la hausse des loyers (qui a atteint une moyenne de 13% en deux ans) et la multiplication des évictions de locataires ont profondément modifié le portrait, depuis que le recensement de 2021 dénombrait 173 000 ménages locataires québécois ayant des besoins impérieux de logement.
Le FRAPRU estime que ce nombre sous-estime grandement la réalité. Ainsi, il n’inclut pas 33 840 ménages engloutissant plus de 100% de leur revenu en loyer, de même que les personnes itinérantes que le dénombrement du 11 octobre 2022 a chiffrées à au moins 10 000, en tenant uniquement compte de l’itinérance visible. Le regroupement ajoute surtout que les données du recensement sont basées sur les revenus de 2020 alors que les prestations d’urgence mises en place par les gouvernements pour soutenir les revenus des ménages aux premiers mois de la pandémie de COVID-19 ont provisoirement dopé les revenus d’un grand nombre de locataires.
Plusieurs indices permettent de constater l’aggravation actuelle de la situation. Ainsi, le taux de logements locatifs inoccupés n’est que de 1,7% à l’échelle du Québec. C’est le plus bas pourcentage depuis près de 20 ans. De plus, sur les 45 centres urbains québécois, 28 ont un taux d’inoccupation inférieur à 1,0%.
La pénurie de logements locatifs s’accompagne d’une hausse rapide des loyers qui, de 2020 à 2022, sont passés de 844$ à 952$ à l’échelle du Québec. Quant aux logements disponibles à la location, le loyer moyen atteint 1272$ dans la région métropolitaine de Montréal, 1312$ dans celle de Québec et 1450$ à Gatineau.
Le FRAPRU rappelle enfin que le nombre d’évictions forcées de locataires s’accroit aussi à un rythme inquiétant. Il cite les statistiques du Tribunal administratif du logement montrant que le nombre de plaintes introduites ou relancées pour des reprises de logements a augmenté de 71% entre 2020 et 2022. Il rappelle aussi que le récent dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible révèle que les expulsions représentent maintenant la principale raison qu’elles évoquent pour la perte de leur dernier logement (23%).
Le Dossier noir sur le logement et la pauvreté montre que la réalité était déjà sombre pour bien des locataires, malgré l’embellie largement due aux mesures de soutien au revenu adoptées lors de la pandémie. Ainsi, selon les données du recensement, 373 615 ménages consacraient déjà plus de 30% de leur revenu au loyer, avec un revenu annuel médian de 23 800$, dont 128 795 plus de 50% et 49 895 plus de 80%, avec un revenu respectif de 16 800$ et 9 900$ par année. Les catégories les plus durement touchées sont les personnes seules qui représentent maintenant 52% des ménages locataires, ainsi que les femmes, les jeunes de 15 à 24 ans et les personnes âgées de 65 ans et plus. De plus, 107 535 ménages locataires habitent dans des logements ayant besoin de réparations majeures et 98 765 dans des logements surpeuplés, ces problèmes étant encore plus criants chez les Autochtones et les personnes issues de l’immigration.
Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
FRAPRU
Type : Outil, PDF
Thème(s) : Pauvreté