
Déclaration de solidarité et appel à la mobilisation. L’hiver sera chaud : la CAQ a déclaré la guerre à la société civile
Le Québec dans la rue le samedi 29 novembre prochain!
Des associations pour la défense des droits, des organismes communautaires et de solidarité internationale, des syndicats et d’autres citoyen·nes appellent la population à faire front pour dénoncer les politiques de la CAQ qui démantèlent, brique par brique, l’édifice de nos services publics et de nos droits sociaux et politiques.
Les projets de loi s’enchaînent les uns après les autres et s’ajoutent à d’autres mesures dictées par une même logique. Il s’agit d’affaiblir nos institutions démocratiques et de réduire au silence les voix critiques capables d’exprimer des désaccords légitimes et de défendre les droits de toutes et tous, incluant les minorités les plus défavorisées, marginalisées et discriminées. Marquant un tournant autoritaire et démagogique, ces politiques, souvent adoptées sous bâillon, détruisent les bases de notre démocratie pour répondre aux intérêts d’élites économiques.
Des lois antisociales et antisyndicales
Le projet de loi 8 (anciennement projet de loi 89) et la réforme annoncée du régime syndical s’attaquent non seulement aux droits des travailleuses et des travailleurs partout au Québec, mais s’inscrivent dans une tendance inquiétante de remise en question des mécanismes qui protègent notre démocratie. Il s’agit de la pire offensive d’un gouvernement contre le mouvement syndical.
Avec le projet de loi 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, déposé le 9 octobre 2025, le gouvernement de la CAQ menace de démanteler tout le système québécois de protection des droits de la personne, alors que la Charte des droits et libertés de la personne célèbre ses 50 ans d’existence. Élaboré derrière des portes closes, sans aucun débat ni consultation, ce projet n’a rien d’une constitution. Témoignant d’un autoritarisme mal dissimulé, il risque d’affaiblir les pouvoirs de la société civile. Ainsi, les outils juridiques pour la défense de nos droits et libertés, comme la Charte et la possibilité de contester des lois devant les tribunaux, sont ébranlés. En instrumentalisant la «souveraineté parlementaire» et les «valeurs québécoises», le projet de loi 1 engendre une dérive identitaire dangereuse, comme on n’en a pas vu depuis Duplessis.
Dans une déclaration publiée le 13 novembre dernier, le Barreau du Québec affirme que ces projets de loi «comportent des dispositions qui s’écartent de manière importante des valeurs et des traditions de la société québécoise au profit d’un renforcement du pouvoir de l’État», et craint ainsi une «érosion de l’état de droit au Québec».
Une dérive dangereuse aux relents trumpistes
Devant la montée de l’extrême droite et de pratiques autoritaristes du pouvoir un peu partout dans le monde, les fondements mêmes de nos systèmes démocratiques sont menacés. Au Québec comme ailleurs, des droits que nous pensions acquis sont mis à mal par des décisions politiques.
Dans une logique affairiste et au mépris de la science, les coupures de centaines de postes et les fusions d’établissements dans la fonction publique nous empêchent d’agir de manière pertinente pour protéger nos écosystèmes et le bien commun. Tout ceci facilite l’approbation de grands projets industriels, tout en limitant la possibilité de contrôles environnementaux et liés à la santé publique.
La déclaration récente de François Legault qui, en réponse à l’appel de Donald Trump, positionne le Québec comme un acteur majeur de l’industrie militaire est troublante et représente un virage dangereux pour notre société et la planète. D’autant plus que cette militarisation de l’économie s’associe à des discours et des décisions contre l’immigration et les droits des personnes réfugiées et demandeuses d’asile.
La baisse des seuils d’immigration, l’annulation du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) et le recul des droits des personnes demandeuses d’asile montrent clairement la trajectoire actuelle du gouvernement de la CAQ. Alors que le Québec restreint l’accès au territoire au nom d’une logique utilitariste, il investit parallèlement dans l’industrie militaire, tirant profit des conflits et de la crise climatique qui appauvrissent les populations et les forcent à fuir.
Aujourd’hui, le génocide à Gaza est le symbole brutal des conséquences toxiques engendrées par la complaisance envers un gouvernement raciste et totalitaire, guidé par des objectifs coloniaux : un monde dominé par la peur, la militarisation et l’instrumentalisation et le mépris envers le droit international. Malgré les condamnations de l’ONU, il est honteux que le Québec renforce ses liens diplomatiques et économiques avec Israël et refuse d’accorder la RAMQ aux familles évacuées de Gaza. Ce 29 novembre, à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, reconnaissons qu’une atteinte aux droits des un·es est une atteinte aux droits de toutes et de tous.
Défendre et devenir une société solidaire, juste et démocratique
De plus en plus de Québécoises et de Québécois ont du mal à joindre les deux bouts. Partout, la crise du logement et de l’itinérance a pris une ampleur alarmante. La situation touche encore davantage les peuples autochtones. En même temps, à l’heure où la planète arrive à un point de bascule, la CAQ impose des reculs en matière de législation et de réglementation environnementales. En dépit de l’urgence des problèmes qui devraient nous préoccuper, le gouvernement détourne l’attention de ses propres faillites en cherchant des boucs émissaires, comme les personnes migrantes et immigrantes et les minorités religieuses. Au lieu de chercher à résoudre les sources des problèmes sociaux, il s’attaque et suspend le financement de groupes qui œuvrent à l’amélioration de la société.
Nous avons à cœur un Québec qui choisit la solidarité plutôt que l’exclusion, le respect plutôt que la répression, la dignité plutôt que la peur, la justice sociale plutôt que la concentration des richesses entre les mains d’une poignée de privilégié·es. Le Québec que l’on veut est ancré dans des valeurs de solidarité, d’équité et de justice sociale et aura besoin d’être à l’écoute de toutes les voix, dans leur si belle diversité, et dans le respect de cette dissidence rebelle, critique et libre qui a longtemps teinté l’image du Québec.
L’hiver sera chaud! Le 29 novembre prochain, descendons dans la rue pour protéger la vision de la société québécoise que l’on veut. Une société plus juste, plus égalitaire et plus inclusive. Le rassemblement aura lieu à Montréal, à la Place du Canada, à partir de 13h30.
Auteurs et autrices de la déclaration :
Zahia El-Masri, Travailleuses et travailleurs pour la Palestine
Laurence Guénette, Ligue des droits et libertés
Yasmina Moudda, Alternatives
Amélie Nguyen, Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
Amel Zaazaa, Observatoire pour la justice migrante
Bertrand Guibord, Conseil central du Montréal métropolitain─CSN
Marc-Édouard Joubert, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Amir Khadir, ex-député de Québec solidaire
Roger Rashi, militant
Patrizia Vinci, militante féministe et communautaire
Ce texte a reçu plus de 600 appuis, dont près de 200 issus de regroupements et organismes, dont le RQ-ACA, le RAPSIM, le FRAPRU, le RCLALQ, la TRPOCB, la FFQ, L’R, Mères au front et le RQASF.
