Travailleuses domestiques exploitées

Publié le: 23 avril 2019

Ceci est une lettre ouverte produite par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) à l’occasion de la journée des 24 heures d’actions féministes en commémoration du tragique événement du Rana Plaza au cours duquel 1 127 travailleuses et travailleurs de l’industrie textile ont trouvé la mort.

L’esclavage moderne au Québec

Le 24 avril est la journée des 24 heures d’actions féministes. Cette journée constitue un appel international de la Marche mondiale des femmes. Aux quatre coins du globe, des dizaines de pays se mobilisent le 24 avril, et ce, depuis le tragique événement du Rana Plaza (2013) où 1 127 travailleuses et travailleurs de l’industrie du textile ont trouvé la mort et plus de 2 500 personnes ont été blessées. L’effondrement de ce lieu de travail est notamment dû à l’exploitation de multinationales exposant ainsi les travailleuses à des conditions inacceptables. C’est ainsi que cette journée est encore soulignée pour dénoncer les effets de la mondialisation capitaliste et patriarcale sur les femmes du monde entier.

Cette année, la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes a choisi de faire la lumière sur les enjeux vécus par les femmes sur le marché du travail. Dans le monde, l’Organisation internationale du Travail (OIT) estime qu’il y a entre 67 et 100 millions de travailleuses domestiques, dont 15,5 millions d’enfants et une très grande majorité de filles et de femmes. Plus précisément, la situation des quelque 150 000 travailleuses domestiques au Canada, dont 25 000 au Québec, nous interpelle particulièrement.

Les travailleuses domestiques sont en très forte majorité des femmes racisées migrantes, plus précisément 80% d’entre elles le sont, dont une forte représentation en provenance des Philippines. Elles sont tenues de travailler 24 mois consécutifs à temps plein pour avoir la possibilité de demander la résidence permanente.

Les travailleuses domestiques sont souvent considérées comme des « bonnes à tout faire ». Leurs tâches sont multiples : faire le ménage du domicile de l’employeur, cuisiner, faire la lessive et le repassage, s’occuper des enfants, des personnes aînées ou des malades, s’occuper du jardinage, de la piscine, s’occuper des animaux de compagnies.

C’est ainsi qu’elles se retrouvent à travailler entre 50 et 70 heures par semaine, à un taux horaire d’environ 6 $. Elles ne sont pas couvertes par la CNESST et ne possèdent aucune journée en cas de maladie. Les heures supplémentaires ne sont pas payées. À ces conditions s’ajoutent les menaces et les violences de l’employeur. Les travailleuses domestiques vivent constamment avec la crainte d’être renvoyées. Le travail domestique est pire chez les travailleuses qui vivent chez leur employeur, comparativement à celles ayant un domicile extérieur à la résidence de l’employeur.

En raison d’un manque d’accès à la justice, les travailleuses domestiques migrantes ne connaissent pas leurs droits. C’est pourquoi nous enjoignons le gouvernement du Canada à respecter son engagement pris en 2011 et signer la Convention internationale pour promouvoir les droits des travailleuses domestiques, la Convention no. 189. Nous demandons également au Québec d’harmoniser ses législations à la Recommandation 201 de l’OIT qui accompagne cette convention.

Le travail domestique est du travail invisible qu’effectuent majoritairement des femmes, serait-il convenu de parler davantage d’esclavage moderne au Québec?

Le mouvement international auquel nous faisons partie tient à dénoncer publiquement la politique du « plus bas prix » permettant l’exploitation des travailleuses. Derrière la logique marchande capitaliste, il y a des femmes.


Le manifeste de la ménagère et de la travailleuse domestique a été rédigé par le Comité de la Marche mondiale des femmes en Estrie.

> Revendications du 24 avril de la Marche mondiale des femmes