G13

Le Groupe des Treize (G13), coalisant vingt-trois organisations féministes nationales engagées dans la défense des droits des femmes au Québec, accueille avec perplexité le budget 2024-2025 du gouvernement caquiste. Le G13 s’inquiète de l’absence de solutions structurantes aux crises auxquelles la société québécoise fait face et de la tactique employée pour justifier la mise en place, dès l’année prochaine, de mesures d’austérité.

Rien pour s'attaquer à la crise du logement. Un budget qui abandonne les gens.Le 12 mars, le gouvernement caquiste a annoncé son budget centré sur la santé et l’éducation. Tandis que les médias répétaient avec insistance le déficit historique de 11 milliards, notre perplexité à l’égard du budget et du discours médiatique grandissait : «Tout se passe comme si le gouvernement ne prenait pas acte des nombreuses crises qui sévissent au Québec, actuellement : la crise environnementale, la crise du logement, la crise de nos services publics, l’aggravation de la pauvreté et l’accroissement des inégalités!», s’exclame Sara Arsenault, de la Fédération des femmes du Québec (FFQ).

Les membres du G13 regroupent des organismes communautaires qui travaillent au quotidien avec, par et pour les personnes les plus affectées par ces crises. «Qu’y a-t-il dans ce budget, M. Legault, pour les femmes et les personnes les plus marginalisées?», demande Marie-Eve Blanchard du Regroupement Naissances Respectées (RNR). Rien de nouveau pour faire face à la crise du logement, rien pour permettre aux personnes assistées sociales de vivre dignement, et ce, dans un contexte où une réforme en santé, pourtant vertement critiquée et passée sous bâillon, donne une large part au privé; où une stratégie en égalité se poursuit sans ministère pour la coordonner; où un silence assourdissant en matière d’environnement pèse lourd.

Un budget qui maintient le cap droit dans le mur.Pour nous, expertes en matière d’égalité, l’absence chronique d’analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) du budget gouvernemental est le problème numéro 1. Si le gouvernement respectait ses engagements en matière d’égalité, il utiliserait l’ADS+ afin de questionner les impacts des décisions budgétaires sur les femmes et les personnes à la croisée des oppressions. En conséquence, nous aurions des décisions éclairées en matière de politiques publiques et des résultats efficaces pour réduire les inégalités, respecter les droits humains et construire la société égalitaire que méritent les Québécoises et les Québécois.

À la place, la CAQ nous sert un budget qui maintient le cap droit vers le mur. Nous entrevoyons qu’elle va brandir sous peu l’épouvantail de la dette pour apeurer la population dans le but de faire passer des mesures d’austérité et de sabrer dans ce qu’il nous reste de filet social. «La dette ne nous empêche pas de dormir la nuit… mais les personnes qui se retrouvent à la rue, celles qui ont faim, celles dont l’électricité est coupée, celles qui n’ont pas accès aux soins de santé et celles dont l’avenir est fragilisé à cause de l’inaction climatique, ça, ça nous empêche de dormir la nuit», laisse tomber Annie-Pierre Bélanger, de Relais-femmes.

Ce gouvernement est capable d’investir pour le hockey, pour les «top guns du privé», ou pour défendre en cour ses lois discriminatoires. Pourquoi manque-t-il tant de courage pour soigner ses institutions et ses services, et exercer sa fonction publique?

Liens complémentaires :
Un prélude à l’austérité, IRIS
Indignation chez les organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux, Table
Le mouvement d’action communautaire autonome négligé, RQ-ACA
Vers un 4e plan de lutte contre la pauvreté qui ne réglera aucune crise, Collectif pour un Québec sans pauvreté
Aucun nouvel investissement pour le logement social malgré la crise, FRAPRU
MÉMO-Qc salue la victoire des personnes en situation de handicap, MÉMO-Québec