par la Fédération des femmes du Québec (FFQ)

Nous joignons nos voix à celles qui s’élèvent pour dénoncer les nombreuses mesures du projet de loi 2 (PL2) qui mettent à risque les personnes trans, non binaires et intersexes.

L’État a historiquement imposé des lois visant à contrôler le corps et limiter les droits des femmes, et cela inclut les femmes trans. Tout comme nous nous sommes battues contre ces lois, nous nous prononçons aujourd’hui contre les articles du PL2 qui sont discriminatoires envers les personnes trans, non binaires et intersexes et qui soulèvent plusieurs enjeux féministes, dont la justice reproductive, le contrôle des corps et la surveillance par l’État.

La loi obligerait les personnes qui souhaitent modifier la mention de sexe sur leurs documents d’état civil à recourir à des chirurgies, parfois non désirées, qui rendent stérile. Elle créerait des catégories de personnes avec des droits distincts, selon qu’elles auront ou non modifié l’apparence de leurs organes génitaux. Certaines personnes auraient une mention de sexe « indéterminé » sur leurs documents, comme si leur identité avait besoin de traitements chirurgicaux pour pouvoir être déterminée. Cette politique risque par ailleurs de contribuer plutôt que d’arrêter les chirurgies non consenties pratiquées sur les enfants intersexes.

Est-ce le Québec que l’on veut?

Une société où l’État peut réduire nos identités à l’apparence de nos organes génitaux, nous obliger à subir des chirurgies stérilisantes pour voir nos droits respectés, et stigmatiser des individus à coup d’étiquette sur leurs papiers d’identité?

Depuis la sortie du projet de loi, nombre de groupes et de membres des communautés LGBTQ+ ont pris la parole pour dénoncer le recul que représente cette politique pour les droits des personnes trans, non binaires et intersexes ainsi que les conséquences sur leurs vies.

Les personnes trans, non binaires et intersexes sont déjà surreprésentées parmi les victimes de violences et de discriminations, par exemple dans l’accès à l’emploi et aux soins de santé. Avec cette nouvelle politique, elles seront d’autant plus marginalisées puisque leurs droits fondamentaux, dont celui à l’égalité, à l’intégrité et à la vie privée, seront bafoués directement dans la loi.

Nous joignons nos voix à celles qui s’élèvent pour dénoncer les nombreuses mesures de ce projet de loi qui mettent à risque les personnes trans, intersexes et non binaires.

Nous dénonçons toute mesure qui vise à contrôler nos corps, notre sexualité et nos capacités de reproduction.

Nous réitérons l’importance que les communautés LGBTQ+ soient consultées pour toute législation qui a des impacts sur leurs vies.

Nous invitons la population à participer à la campagne organisée par le Conseil québécois LGBT, à signer la pétition en cours et à se joindre aux différentes actions publiques à venir pour s’opposer à ces mesures.

Et nous souhaitons réitérer haut et fort que l’État doit sortir de nos culottes!

En toute solidarité envers les communautés LGBTQ+,

La Fédération des femmes du Québec, avec l’appui de :
Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2)
Coalition des familles LGBT+
Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
L’R des centres de femmes du Québec
Regroupement Naissance-Respectées (RNR)
Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec.

Si le projet de loi ou la lecture de ce texte vous fait vivre de la détresse, ou pour avoir accès à des ressources de soutien, communiquez avec Interligne au 1.888.505.1010.

Ce texte a été publité par Pivot le 05.11.2021.

Pages reliées :
Simon Jolin-Barrette refuse de révéler comment il ajustera son projet de loi transphobe, Pivot, 10.11.2021
Québec recule sur les aspects jugés transphobes de son projet de loi 2, Le Devoir, 09.11.2021
Lettre ouverte d’artistes et activistes trans et non binaires au gouvernement québécois, Elle Québec, 24.10.2021