À la conférence de presse du 1er mars 2020

À une semaine de la Journée internationale des droits des femmes, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), le Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ), la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC), et L’R des centres de femmes du Québec unissent leurs voix pour demander au gouvernement Legault d’investir les sommes nécessaires dans un grand chantier de logements sociaux dès son prochain budget et d’instaurer, au plus vite, un contrôle obligatoire et universel du prix des loyers. Ces deux mesures s’avèreraient considérablement structurantes pour les femmes, particulièrement affectées par la pénurie de logements – la plus sévère en 15 ans – que traverse actuellement le Québec. Les cinq organismes de défense des droits des femmes et du droit au logement ont profité d’une conférence de presse commune pour annoncer la tenue d’une série d’actions et d’activités régionales durant le mois de mars, afin de porter ces revendications.

Valérie Gilker-Létourneau à la conférence de presse du 1er mars 2020Avec un taux d’inoccupation de 1,8% à l’échelle du Québec, la pénurie de logements locatifs a déjà de graves conséquences pour les locataires québécoises et leurs milieux de vie. Selon les dernières données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, entre 2017 et 2019, les loyers ont augmenté de 8,7%, soit près du double du taux d’inflation. «C’est très problématique pour les femmes locataires. Avant même de considérer d’autres facteurs de discrimination tel que le genre, leur revenu étant 15% inférieur à celui des hommes, elles sont plus à risque d’être mal logées et d’être chassées loin de leurs quartiers», s’inquiète Valérie Gilker-Létourneau, porte parole de L’R des centres de femmes. Alors que la pénurie de logements induit une recrudescence des cas de discriminations, les femmes racisées, en situation de handicap, cheffes de famille monoparentale, sans papier, autochtones, etc., sont plus que jamais à risque d’avoir de la difficulté à trouver un logement qu’elles peuvent payer.

Les organismes mettent en lumière que la situation actuelle de crise généralisée va avoir pour effet de pousser de plus en plus de femmes à la rue, alors que les ressources débordent déjà. «Les femmes victimes de violence conjugale, de harcèlement ou encore d’agressions sexuelles dans leur foyer risquent par ailleurs d’être de plus en plus nombreuses à être prisonnières de leur bourreau, faute de logements abordables disponibles», explique Louise Riendeau, porte-parole du RMFVVC. Ce phénomène a pour effet d’engorger les maisons d’hébergement pour femmes, comme l’explique Manon Monastesse, directrice de la FMHF. «En 2018-2019, nos maisons membres ont dû refuser près de 15,000 demandes d’hébergement de femmes non seulement victimes de violence conjugale et familiale, mais également aux prises avec des situations complexes d’itinérance, de traite, d’exploitation sexuelle, de mariages forcés, etc. Ça n’a juste pas de bon sens! Combien va-t’on devoir en refuser encore avant que Québec ne réagisse?», s’insurge-t’elle.

Les cinq regroupements sont unanimes! Deux solutions concrètes et efficaces pour les femmes locataires qui vivent plus que jamais des dénis de leur droit au logement sont le logement social et un contrôle obligatoire et universel du prix des loyers. «Un contrôle des loyers est incontournable si on veut freiner l’inflation scandaleuse du coût des loyers, induite par la rareté de logements locatifs. Québec doit aussi mettre en place un registre des loyers et mieux informer les locataires de leurs recours face aux hausses abusives», invoque Marjolaine Deneault, porte parole du RCLALQ.

Alors que le logement social est la formule la plus complète et la plus permanente d’aide au logement, celle dont les retombées sociales sont les plus importantes, il en manque cruellement. «Ce type de logements ne représente que 11% du parc de logements locatifs, ça explique pourquoi les listes d’attente sont si longues», explique Céline Magontier, responsable des dossiers femmes du FRAPRU. «Or, les nouveaux logements publics, sans but lucratif et coopératifs se réalisent au compte-gouttes depuis quelques années. En tout et pour tout, seulement 835 logements sociaux ont été construits l’an dernier. À ce rythme, ça va prendre plus de 161 ans pour répondre exclusivement aux 134,855 ménages dont le principal soutien financier est une femme ayant des besoins impérieux de logement, parce qu’ils vivent dans un foyer trop cher, de taille inadéquate ou insalubre», dénonce Céline Magontier, invitant le gouvernement Legault à lancer un grand chantier de 50,000 nouveaux logements sociaux en cinq ans, dès son budget du 10 mars.

Les actions et activités régionales prévues :
Estrie : le 8 mars, de 17h à 20h au 113, Wellington Sud à Sherbrooke
Mauricie : le 8 mars (lieu et heure à confirmer) à Trois-Rivières
Montréal : le 14 mars, de 11h à 15h au centre d’achats Le Boulevard à Montréal
Capitale nationale : le 23 mars, à 9h30 à Québec (détails à venir)
Montérégie : le 25 mars, à 13h30 au Carrefour du logement social à Chateauguay
Abitibi-Témiscamingue : le 31 mars ou le 1er avril (détails à venir).

Pages reliées :
Appel à des mesures d’aide au logement pour les femmes vulnérables, Le Devoir, 02.03.2020
Les femmes vulnérables sont prises au piège par la crise du logement, Radio-Canada, 01.03.2020
Les femmes vulnérables sont prises au piège par la crise du logement, La Presse Canadienne, 01.03.2020
Vulnerable women are being hurt by Quebec’s housing crisis, coalition warns, La Presse Canadienne, 01.03.2020
Les femmes particulièrement touchées par la pénurie de logements, Agence QMI, 01.03.2020
A lack of social housing is putting women’s lives at risk, say advocates, CTV News, 01.03.2020