Les centres de femmes ont déjà les solutions à la crise climatique

Publié le: 19 novembre 2019

Érosion des sols, feux de forêts, effets de serre, catastrophes naturelles, montée des eaux, augmentation des températures moyennes, contamination de l’eau potable, on le sait, la crise climatique frappe à nos portes depuis maintenant plus de 30 ans. Bien qu’il y ait une augmentation flagrante de l’intérêt pour les changements climatiques au Québec, il semble que très peu de solutions concrètes répondant aux besoins des femmes et des populations marginalisées soient proposées.

Nous entendons souvent parler du zéro déchet, des bienfaits d’acheter dans une épicerie locale et bio et de l’importance des produits ménagers sans produits chimiques. On n’est pas contre l’idée. On dit seulement que c’est une partie de la réponse. Il faudrait arrêter de mettre l’accent uniquement sur les solutions qui responsabilisent les femmes et leur faire porter un peu moins la charge mentale de « sauver l’monde ».

Une société sans le capitalisme, c’est quoi?

Les centres de femmes sont des espaces intéressants qui peuvent être étudiés comme des microsociétés organisées pour contrer la crise climatique. En effet, les milieux de vie des centres de femmes sont l’un des derniers espaces dénués de production capitaliste au Québec. Ce sont donc des exemples éclaireurs d’une société qui fonctionnerait sans le système capitaliste et qui peuvent nous aider dans les pistes de solutions à la transition écologique juste.

La souveraineté alimentaire

Il est aujourd’hui évident que les pratiques de monoculture intensive en agriculture ne correspondent plus au besoin de la société et ne sont pas viables à long terme. Il faut donc trouver des alternatives locales et durables pour rendre une alimentation saine accessible aux différentes populations.

Plusieurs centres adoptent des pratiques de souveraineté alimentaire pour répondre aux besoins des femmes et des familles de leur communauté. L’été, certains d’entre eux créent des jardins communautaires où sont collectivisées les connaissances sur le travail au potager (voir par exemple le jardin collectif du Centre-femmes de Bellechasse). De plus, plusieurs de nos membres proposent des cuisines collectives dans leur programmation ce qui permet l’échange et l’entraide dans la préparation de repas équilibrés. Par exemple, le centre de femmes de Rivière-rouge, Signée femmes, offre des ateliers de repas végétariens aux femmes.

L’organisation communautaire

Notre Base d’unité politique (BUP) est claire. Ce qui nous caractérise, c’est le développement d’une solidarité concrète autour de problèmes communs ou de projets collectifs en utilisant l’approche d’éducation populaire autonome et féministe (ÉPAF). Concrètement, cela signifie que les centres de femmes sont outillés à créer des projets qui répondent directement aux besoins de base de la communauté. Les centres sont également habiletés à travailler avec les différentes sphères des municipalités pour y arriver, c’est-à-dire les organismes communautaires locaux, la mairie et les élu.es, les tables de concertation, etc.

Puisque la crise climatique obligera de plus en plus les communautés, surtout les régions éloignées, à s’organiser collectivement pour fonctionner, les centres de femmes détiendront les connaissances nécessaires à l’organisation communautaire afin de survivre aux conséquences de la crise. Les centres sauront rendre les communautés moins dépendantes de l’État qui répondra de moins en moins à leurs besoins spécifiques.

La résilience

Jem Bendell mentionne dans The deep adaptation que la résilience et l’entraide seront les clés essentielles au fonctionnement des sociétés du futur dans le contexte climatique à venir. La résilience est une qualité que l’on reconnaît facilement aux centres de femmes. Depuis plus de 35 ans, nos membres travaillent à contre-courant à faire tomber le plafond de verre qui maintient les inégalités, et ce, malgré tous les obstacles que leur imposent la société. Au-delà de l’organisation communautaire, les centres de femmes savent défendre les droits des populations marginalisées avec les moyens du bord. Les travailleuses et leurs membres s’organisent, manifestent, dénoncent, éduquent et bien plus encore, tout en étant sous-financés.

En conclusion, il est clair que les centres de femmes possèdent déjà une expertise à reconnaître concernant la transformation profonde de notre société dans le processus de transition écologique. Pour trouver le centre de femmes le plus près de chez toi et t’impliquer, tu peux consulter notre carte du Québec ici.

Autres ressources connexes :
L’intégration du genre dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques, Relais-femmes
Pour une justuce climatique féministe, AQOCI