Une responsabilité envers les femmes
À François Legault, premier ministre du Québec
D’abord, permettez-nous de vous féliciter pour votre élection comme premier ministre du Québec. Le « Groupe des 13 » réunit les principales organisations québécoises œuvrant pour les droits et l’égalité de toutes les femmes. Il sert de porte-voix pour l’ensemble des réalités diverses que nos groupes représentent : des maisons d’hébergement à l’employabilité, des tables de groupes de femmes aux centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, des centres de femmes, des organismes de soutien aux familles monoparentales et recomposées, de la défense de droit à la prestation de services, du milieu de vie à l’éducation populaire, et j’en passe.
Nous représentons plusieurs centaines de groupes et des milliers de femmes, souvent parmi les plus vulnérables et marginalisées.
Le mouvement planétaire #moiaussi n’a pas trouvé écho lors de la campagne électorale. Nous vous interpellons ici pour remettre en lumière l’ampleur des discriminations, iniquités et violences diverses et variées dont sont encore victimes les femmes au quotidien dans notre société dite progressiste.
Rappelons que les femmes composent 80% des victimes de violence conjugale et 86% des victimes d’agressions sexuelles. Rappelons que, quel que soit leur niveau d’études, elles touchent, à leur entrée sur le marché du travail, 85,4% du salaire des hommes et que cela aura des impacts jusqu’à leur retraite. 76% des familles monoparentales sont dirigées par des femmes. 58% des travailleurs au salaire minimum sont des femmes. Elles réalisent encore près du double des tâches ménagères. Et cela sans compter la question des femmes autochtones disparues et assassinées, des femmes de la diversité sexuelle, ou des femmes en situation de handicap qui subissent trois fois plus de violence…
Si l’égalité est bien réelle dans les textes de loi, ces quelques statistiques montrent clairement que l’accès à ces droits est loin d’être une réalité pour toutes. Les partis se réjouissent que plus de femmes que jamais composent notre nouvelle Assemblée nationale et cette parité est une belle progression. Raison de plus pour s’attaquer rapidement aux enjeux actuels du Québec en vue d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes, et l’égalité pour toutes les femmes.
Nous aspirons toutes et tous à vivre dans une société prospère et inclusive. Il est de la responsabilité de nos gouvernements d’assurer la sécurité, la dignité et l’égalité pour toutes les femmes. Les idées novatrices ne manquent pas : un ministère de la Condition féminine, des moyens dédiés pour des cours d’éducation sexuelle incluant les relations saines et égalitaires, l’utilisation de l’analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle dans la production des politiques publiques, une loi-cadre sur la conciliation famille-travail-études, etc.
Quand les femmes pourront-elles vivre une vie sans discrimination liée à leur sexe? Quand seront-elles payées à la juste mesure du travail réalisé? Quand ne seront-elles plus menacées d’être violées par leur conjoint ou dans la rue?
« Je me souviens » dit le Québec, souvenez-vous.
Nos organisations s’attendent à rencontrer, dès sa nomination, la ministre responsable de la Condition féminine puisque nous souhaitons être des alliées dans l’atteinte de l’égalité pour toutes les femmes.
Gaëlle Fedida, PhD, pour les membres du Groupe des 13