Pour un ministère fédéral de la Condition féminine

Publié le: 29 août 2018

L’R des centres de femmes du Québec saluerait la création d’un ministère fédéral de la Condition féminine si ce dernier avait pour mission principale de travailler à la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes, et d’instaurer un financement à la mission des groupes de femmes.

L’intérêt d’un ministère

La création d’un ministère fédéral de la condition féminine consisterait en un moyen structurant pour réaliser l’égalité entre les femmes et les hommes, pour protéger et promouvoir les droits des femmes, partout au Canada. Il permettrait de diriger, avec les groupes de femmes, à l’échelle canadienne, des projets améliorant réellement les conditions de vie des femmes.

Les femmes et les minorités

Les inégalités entre femmes et hommes sont des problématiques transversales touchant l’ensemble des catégories de population. À titre d’exemple, rappelons l’impact systémique de certaines politiques d’immigration à l’égard des femmes cantonnant celles-ci, dans une forte proportion, dans les statuts d’immigration les plus précaires, tel qu’accompagnatrice du requérant principal, réfugiée, travailleuse domestique, etc.

L’intérêt de l’approche intersectionnelle

« Adopter une analyse intersectionnelle est nécessaire et profiterait à la condition féminine au Canada! », souligne la présidente de L’R, Stéphanie Vallée. Les différentes oppressions vécues par les femmes les plus marginalisées freinent leur capacité à réaliser leurs droits : il est impératif de prioriser leurs besoins.

Un ministère de l’inclusion risquerait des conflits de droits

L’interdiction de la polygamie a fait l’objet très récemment d’une contestation constitutionnelle, plus précisément en mars 2018. Cette contestation a été rapidement déboutée par une juge de la Colombie-Britannique. Rappelons qu’en 2011, l’avis de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a été nécessaire afin de confirmer que la criminalisation de la polygamie était constitutionnelle et ne représentait pas une atteinte à la liberté de culte d’une minorité religieuse. Dans ce cas, l’enjeu de l’égalité entre les femmes et les hommes a eu préséance sur le droit à la liberté de religion principalement parce que l’atteinte à l’intégrité des femmes a été mise en évidence. Il nous parait évident qu’un ministère de l’inclusion est à risque de tiraillements face à des questions de conflits de droits pouvant ralentir ses prérogatives dans une action transversale en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Page reliée : Un ministère de toutes les minorités?, Le Devoir, 25.08.2018