Pour faire suite aux mesures extraordinaires annoncées par le gouvernement Legault pour soutenir les PME, les employé.es et les travailleurs.euses autonomes, une soixantaine de groupes de la société civile joignent leurs voix au Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) afin d’exiger de la cohérence dans l’aide apportée à la population. Un soutien suffisant est demandé pour aider les personnes sans emploi à faire face à la crise, elles aussi. La missive rappelle que ces personnes doivent composer avec des obstacles supplémentaires pour s’adapter en situation de crise, tel que nous le vivons actuellement avec la COVID-19, et que le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) mettrait actuellement ces personnes à risque.

Les groupes cosignataires – dont L’R des centres de femmes du Québec – tiennent à attirer l’attention du premier ministre Legault et du ministre Boulet (MTESS) sur la nécessité de faire preuve de souplesse administrative et de mettre rapidement en place des mesures visant à augmenter les ressources financières des personnes les plus vulnérables. Le but est de leur permettre de respecter les consignes de santé publique et de protéger leur santé, déjà très éprouvée par le manque de tout, un stress permanent et un quotidien épuisant.

Souplesse, solidarité et cohérence

Les annonces d’assouplissement à l’assurance-emploi au fédéral et la mise en place du Programme d’aide temporaire aux travailleurs (PATT COVID-19) au provincial ont donné à réfléchir aux groupes de défense de droits des personnes assistées sociales, à travers la province. « Le chèque de base à l’aide sociale est de 690$ par mois. L’insuffisance met carrément les gens en danger! D’autant plus que, dans les centres locaux d’emploi (CLE), on demande encore cette semaine aux gens les plus vulnérables de la société de se déplacer pour apporter des documents », affirme Marielle Bouchard, du Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec. « Ce qu’il faut, en temps de crise, c’est de la solidarité et de la souplesse. Le gouvernement doit être cohérent et mettre en place des mesures pour aider l’ensemble de la société », ajoute-t-elle.

Soutenir les populations les plus à risque

Avec les demandes de la Santé publique de réduire les déplacements et rassemblements au maximum, la grande majorité des organismes et ressources de dépannage, comme les distributions alimentaires, ont fermé leur porte pour deux semaines. Cette situation laisse non seulement les plus pauvres dans l’impossibilité de respecter la quarantaine, mais elle les prive aussi de ressources essentielles à leur survie. « Avec l’insuffisance du chèque d’aide sociale, il n’est pas rare que les gens fassent 3 ou 4 épiceries différentes pour courir les spéciaux, le plus souvent à pied ou en autobus. Les personnes assistées sociales peinent déjà à se nourrir en temps normal, devant parfois se débrouiller avec moins de 50% de la Mesure du panier de consommation. Ce sont les personnes les plus à risque d’être touchées par la COVID-19 qu’on laisse actuellement sans appui. On les amène à s’exposer inutilement au risque de contagion. Les gens nous appellent parce qu’ils.elles ont peur de sortir porter un papier demandé par leur agent.e d’aide sociale, mais les conséquences s’ils.elles n’y vont pas seront catastrophiques. La Santé publique devrait donner un avis très sérieux aux autorités provinciales pour permettre à l’ensemble de la population de se protéger », affirme Roxane Blanchet de l’Association de défense des droits sociaux de la Rive-Sud.

Pour toutes ces raisons, les cosignataires demandent que les mesures suivantes soient mises en place de façon urgente :

  • remettre à l’ensemble des prestataires d’aide de dernier recours une prestation spéciale pour porter le montant de leur prestation à 1210$, soit l’équivalent du montant du Programme solidarité sociale 66/72 (« Programme revenu de base »), le plus rapidement possible
  • l’ajustement des limites des avoirs liquides au seuil de la solidarité sociale pour tous les prestataires
  • l’assouplissement au niveau des coupures de dons pour favoriser la solidarité
  • l’assouplissement du traitement administratif des dossiers, notamment la suspension de demandes de documents qui entraîneraient des déplacements.

Donner les moyens de faire face

« Il est essentiel et urgent d’offrir une prestation spéciale à l’ensemble des prestataires pour leur permettre d’atteindre, au minimum, la prestation de la solidarité sociale 66/72, soit 1210$ par mois pour la durée de la crise de la COVID-19. Le gouvernement ne peut plus compter sur le communautaire pour se désengager de ses responsabilités. Il doit répondre présent pour garantir la couverture des besoins essentiels à l’aide sociale pour que toutes les personnes puissent avoir à la maison les denrées et médicaments nécessaires pour les semaines à venir. Ultimement, le gouvernement devrait viser la réelle couverture des besoins de base pour tous les prestataires d’aide sociale, mais pour le 1er avril, il nous semble raisonnable d’y aller avec une prestation spéciale », avance Simon Pouliot porte-parole des groupes cosignataires.

« Nous revendiquons l’élargissement de la solidarité sociale 66/72 afin qu’elle se transforme en un réel revenu de base et qu’appartienne au passé le temps où on laissait crever de faim des gens avec moins que le prix d’un loyer mensuel pour couvrir les neuf besoins essentiels. L’élargissement du “revenu de base” pour remplacer “l’aide sociale”, voilà une mesure de santé publique qui nous apparaît incontournable et ce, à l’année, crise sanitaire ou pas », insiste-t-il.

> La liste des 63 cosignataires est ici.

Page reliée : Personnes assistées sociales: appel à la souplesse et à la solidarité, La Voix de l’Est, 23.03.2020