par Odile Boisclair, présidente du conseil d’administration de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles

Les impacts de la crise climatique et environnementale sur la santé publique commencent à être bien documentés : augmentation des maladies pulmonaires, de celles transmissibles par les insectes et tiques, de la mortalité due à la pollution et à la hausse des événements météorologiques extrêmes (ouragans, canicules et feux de forêt, pour ne nommer que ceux-ci), etc.

Mais plus encore : ici comme ailleurs, les personnes les plus vulnérables sur les plans économique et de la santé sont, et de loin, les premières victimes. La canicule de 2018, qui a causé plus d’une centaine de décès au Québec, en est une douloureuse illustration. Selon le bilan fait par la Direction de la santé publique de Montréal, les victimes furent des personnes âgées de 65 ans et plus (au deux tiers), vivant seules; aux prises avec une maladie chronique (66% des victimes); des personnes vivant avec un trouble de santé mentale (notamment de schizophrénie : 18% des victimes); ou encore avec des problèmes liés à la consommation d’alcool et de drogues. Et la grande majorité résidait dans des milieux défavorisés, où l’on trouve l’essentiel des îlots de chaleur en zone urbaine. Il en fut de même pour les victimes dans les autres villes du Québec, telles Sherbrooke et Trois-Rivières. Rappelons que le même constat avait été fait lors de la canicule de l’été 2010, qui occasionna près de 300 décès et 3400 admissions aux urgences au Québec!

Essentiellement donc, on parle de personnes vulnérables, sans soutien ni aide suffisante, en bonne partie en raison de la dégradation du système public de santé et services sociaux. Les coupures drastiques dans les budgets et les désorganisations du réseau, par les réformes ayant accompagné les plans d’austérité, ont accru l’isolement et la vulnérabilité de nombreuses personnes et les ont privées de soins et de soutien. Les choix budgétaires ont ainsi accru la sévérité des impacts de la crise climatique. Et les impacts disproportionnés sur certains groupes, comme les femmes, n’est pas à oublier. Entre autres parce qu’elles sont majoritaires comme travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux, et comme proche aidantes.

Ces dégâts, les groupes communautaires autonomes en santé et services sociaux les constatent tous les jours, et dans toutes les régions du Québec. Véritable laboratoire de participation citoyenne où se développe les approches d’intervention les plus innovantes, les groupes communautaires en santé et services sociaux travaillent avec et viennent en aide aux personnes malades et vulnérables. Ils ne peuvent rester inactifs devant les défis que posent les bouleversements climatiques et environnementaux.

C’est cependant la responsabilité du gouvernement d’agir pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, et réinvestir massivement dans les soins de santé et programmes sociaux accessibles, publics, universels, gratuits et adaptés aux bouleversements climatiques et environnementaux et soutenir financièrement les groupes communautaires. Dans un contexte de surplus budgétaires faramineux, l’État peut et doit agir vigoureusement.

C’est pour transmettre ces messages que l’équipe de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles, appuyée par son conseil d’administration, sera en grève et participera aux manifestations le 27 septembre prochain! La Table invite ses 44 regroupements membres, et les 3 000 groupes communautaires qu’ils rassemblent, à faire de même en se joignant à cette action historique.

Pages complémentaires
Vous trouverez du matériel de mobilisation et d’éducation populaire ici.
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À Montréal, rejoignez le contingent féministe pour le climat.