Dossier noir – Femmes, logement et pauvreté – 5e édition

À partir de chiffres souvent inédits du recensement mené en 2016 par Statistique Canada, le FRAPRU révèle que les femmes, alors qu’elles sont responsables de plus de la moitié des ménages locataires, ont un revenu annuel de 6 078 $ de moins que celui des ménages sous la responsabilité d’un homme. Un écart qui atteint 8 443 $ au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 8 628 $ en Abitibi-Témiscamingue et jusqu’à 11 338 $ dans le cas de la Côte-Nord. Elles sont donc plus à risque de vivre des dénis du droit au logement. Par exemple, elles sont plus nombreuses (248 485) que les hommes (208 855) à devoir débourser plus de 30 % de leur revenu pour le loyer.

Les ménages locataires dont le principal soutien financier est une femme sont en proportion plus nombreux à payer une part démesurée de leur revenu pour leur logement. Dans le cas du groupe des 15 à 24 ans, ce sont 14,7 % des femmes locataires qui n’ont d’autre choix que d’engloutir plus de 80 % de leur revenu pour se loger. Les locataires de 75 ans et plus ont, quant à elles, un revenu médian de 22 759 $ par an, soit 11 375 $ de moins que celui de leurs homologues masculins; presque une sur cinq doit consacrer plus de la moitié de son revenu au loyer.

Les familles locataires, particulièrement celles ayant de bas revenus, sont très souvent victimes de discrimination lors de la recherche de logement en raison de la présence d’enfants. La situation tend à s’aggraver lorsqu’il s’agit des familles monoparentales, qui sont presque aussi nombreuses que les biparentales. Alors que 80 % des ménages monoparentaux sont sous la responsabilité d’une femme, leur revenu est inférieur de 7 019 $ à celui des ménages semblables sous responsabilité masculine. Plus d’une femme sur trois dans cette situation doit donc dépenser plus de 30 % de ses revenus pour se loger.

Quelque soit le statut conjugal, familial, l’origine ethnique, ou l’âge, etc., aucune femme n’est à l’abri de vivre du harcèlement, des violences, ou encore des agressions sexuelles dans son foyer, que ce soit de la part de son conjoint, de son mari, de son propriétaire, son concierge ou encore son co-chambreur. Quand elles sont en situation de précarité, cela implique d’être prisonnières de leur logement, contraintes à se taire par peur de le perdre.

Selon les données colligées par le FRAPRU, le quart des femmes responsables de ménages locataires en situation d’immigration vivent dans un logement de taille insuffisante, alors que c’est le cas de 4 % des non immigrées. Les femmes locataires autochtones, racisées ou en situation de handicap sont aussi plus souvent victimes d’une grande précarité et de discrimination dans la recherche de logement.

  • Auteur : Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  • Édition : FRAPRU

  • Date de publication : Mars 2019
  • Format : PDF
    Nombre de pages : 11

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